mercredi 5 janvier 2011

Chapitre 2 : la missionnaire




J’ai grandi et été élevée dans une famille mormone, aussi lorsque j’ai eu mes 21 ans, n’étant toujours pas mariée, il m’a semblait normal de partir en mission. Oui, dans cette religion, les filles de 21 ans ou plus et les garçons de 19 ans ou plus, de leur plein gré et bénévolement pendant 18 mois pour les filles et 2 ans pour les garçons, partent là où on les envois, ils ne choisissent pas le lieu, pour prêcher la doctrine mormone. Puis une fois leur temps écoulé ils peuvent rentrer chez eux, reprendre leurs études, travailler, se marier…C’est donc ce que j’ai fait.


Cela faisait déjà 16 mois que j’étais missionnaire, activité que j’appréciai beaucoup les bons jours et beaucoup moins les mauvais jours. Ce samedi là, était un de ceux qui commencent mal…Avec ma collègue nous avions un rendez-vous de prévu, mais apparemment la dame en question, avait dû nous oublier…GENIAL ! Nous nous retrouvions avec 2 bonnes heures de libre devant nous, à combler avec du travail efficace. Moi qui déteste faire du porte à porte le samedi matin, bah oui, le samedi matin, les gens sont tranquilles chez eux à dormir, tant mieux me direz-vous car au moins ils sont chez eux, mais ils n’aiment pas être dérangé et encore moins réveillé, ce qui arrive souvent le samedi matin. Et réveiller quelqu’un vous ne savez jamais dans quel état il va venir vous ouvrir la porte…je dirai juste qu’il y a des gens vraiment pas complexé, mais ça c’est une autre histoire.


Alors c’est avec autant d’entrain qu’un chat va dans une piscine, que nous avons commencé à faire du porte à porte. Pour mettre du pigment ou de l’inspiration appelez ça comme vous voulez, nous avons errer un peu entre les bâtiments pour « choisir » le bon bâtiment, là où une personne préparée à écouter notre message, nous attendait. Attirées par les beaux graffitis d’un immeuble nous y sommes rentrées et avons commencé. Tout était normal, comme d’habitude : un petit regard dans le judas, parfois un soupir ou un gros mot et la porte reste close. Si nous avons de la chance ou que la vision du judas n’était pas claire, les portes s’ouvrent, mais malheureusement pas assez longtemps pour laisser le temps à ma collègue américaine de dire la seule phrase en français qu’elle connaissait.
Finalement ce que je redoutais arriva, nous avons réveillé quelqu’un. Un homme tatoué comme pas possible d’une quarantaine d’années nous a ouvert, les yeux pas en face des trous, il nous a écouté ou fait semblant, je n’étais pas sûre qu’il soit vraiment réveillé. Il nous a pourtant proposé d’entrer. Malheureusement ayant des règles très strictes nous avons dû refuser (les sœurs missionnaires, n’enseignent pas les hommes seuls), je lui ai alors proposé la visite des missionnaires hommes, qu’on appelle les elders. Il nous a laissé ses coordonnées et nous avons continué notre recherche dans le bâtiment. Alors que nous étions 2 étages plus bas, je revois cet homme descendre les escaliers (zut, je n’aime pas ce genre de situation, que je trouve toujours inconfortables, pourquoi il ne prend pas l’ascenseur celui la comme tout le monde ?). Je lui sors une phrase du genre vous dormez plus ? Il me répond que maintenant qu’on l’a réveillé, il arrive plus à se rendormir. (Zut, et voilà, j’espère qu’on l’a pas agacé, de toute manière je le reverrais plus jamais, ce sont les elders qui vont s’occuper de lui maintenant.)


Le soir même je donnais les coordonnées téléphoniques du tatoué à nos collègues. Quelques jours plus tard, les elders m’apprennent que le numéro était un faux. Ouais rien d’exceptionnel, après 16 mois de mission, j’ai reçu assez de faux numéro de téléphone pour remplir un annuaire téléphonique, encore un qui s’est moqué de nous. Pourquoi les gens font ça ? C’est mal poli, pourquoi ne pas dire tout simplement qu’ils ne sont pas intéressés ? Enfin bref, je n’ai plus pensé à cet homme.


Un mois et demi plus tard, une de mes collègues vient me voir en me demandant si ce n’était pas moi qui avais trouvé en porte à porte un homme tatoué. Et là j’apprends que de lui-même il a retrouvé la trace des missionnaires et qu’il les reçoit régulièrement chez lui. QUOI ???? L’endormi plein de tatouages et en plus il vient aux réunions le dimanche ? N’en croyant pas mes yeux, le dimanche suivant je demande à voir, car cet homme à autant de chances de se retrouver sur les bancs d’une église, qu’une nonne dans un bar de danseuses exotiques vous voyez le genre. Le tatoué, Max, était pourtant bien là, assis sur le banc entouré de deux missionnaires à écouter sagement les réunions. Assistant à celle en anglais, et moi à celle en français nous ne nous revîmes pas. Mais pas grave, au moins il venait aux réunions du dimanche, finalement ce n’était pas si mal que nous ayons dû faire du porte à porte ce jour-là.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.